26 avril 2007

Pourquoi je ne ferai pas de chronique sur Les bienveillantes

Je n'ai rien écrit sur Les bienveillantes, et je ne pense pas le faire un jour. Parce que c'est trop gros pour moi. Il faut rester humble. De toute façon, d'autres s'en sont chargé. Comme par exemple Pierre Assouline, qui avait dit avant tout le monde que ce roman allait être le choc de l'année ; il a ensuite tenu informés ses lecteurs de la carrière de ce livre, avec les rumeurs malveillantes, l'attribution du grand prix de l'Académie française et celle du prix Goncourt. Sans omettre de rapporter les palinodies des éditeurs qui avaient refusé le manuscrit.

Je me dois également de citer le blog de JLK, qui a commis quelques articles très intelligents sur le sujet, ainsi qu'un résumé détaillé de l'oeuvre, qui pourrait à l'occasion vous permettre de faire croire que vous l'avez lu !

Si je reparle de ce livre aujourd'hui, c'est parce que je viens de lire ce nouvel article de La République des livres, où Assouline rapporte les propos de Littell lors d'un débat autour de son livre. Ce qui me donne l'occasion de citer une fois de plus quelques paroles d'écrivain, comme je l'avais déjà fait il y a quelques temps.
Un écrivain n’a pas à expliquer ce qu’il a fait. Seul compte le résultat. Il ne doit aucune explication, n’a pas à critiquer la critique et n’est pas tenu de s’étendre sur ses intentions.

[...]

Je suis convaincu que les barrières ne sont pas individuelles mais sociales (juridiques, interdits). Dans l’humanitaire, la négociation avec les bourreaux est quotidienne, ça aide à comprendre certains mécanismes que de cotoyer des gens qui massacrent toute la journée comme le font les bouchers à l’abattoir.

(Note de Sammy : Littell a jusqu'alors travaillé dans l'humanitaire - je trouve le parallèle intéressant)
Je les trouve particulièrement sensées et porteuses de sens, pour ne pas dire actuelles... pas vous ?

Un dernier mot pour finir : Littell est français !

23 avril 2007

Chronique des dragons, des fauteuils rouges et des yeux grands comme des soucoupes

Samedi soir, entre minuit et minuit 30. Sammy et Chérie de Sammy (qui est trop pudique pour accepter de voir son nom divulgué sur internet, et puis c'est joli, Chérie de Sammy non ?) rentrent du cinéma. Mais vous pouvez aussi dire Blanc d'oeuf et petit jaune d'oeuf, c'est joli aussi.

Place Saint Bernard, nous sommes abordés par un quidam en phase d'alcoolisation avancée, désireux de connaitre le chemin le plus court pour se rendre au bar "Le Broque" où ses amis l'attendent pour d'autres libations ; après une courte délibération, nous lui indiquons le chemin avec grand volontiers, comme dirait Melle Bille. Ce charmant jeune homme -on peut être pété comme un serre joint et rester poli, je ne pense pas que ce soit génétique, c'est plutôt une question d'éducation- nous quitta en nous gratifiant d'un "bonne soirée les amoureux" qui nous fit nous envoler à quelques centimètres du trottoir. Je ne sais pas si il s'en aperçut. Sans doute le porta t-il au crédit de son état, très aérien également.

Nous sortions, comme je l'évoquais plus haut, d'un cinéma miteux, où les écrans sont dans le même état que les fauteuils -défraichis et couturés- et où la foule, même un vendredi soir, ne se presse pas. La salle sale où nous étions inconfortablement installés (pourquoi les accoudoirs ne se relèvent-ils pas ?), bien que de petite dimension, permettait aux sept personnes de l'assistance de se placer à bonne distance les unes des autres. Je mis à profit l'attente d'avant film pour détailler le chapeau de l'homme assis dans les premier rangs ; il était laid, pas très propre, et couvert de grafitis. D'ailleurs, il faut vraiment que je songe à acquérir un modèle d'été. Je vous tiendrai au courant de cette nouvelle expédition.


Dernière interrogation métaphysique avant les bandes-annonces, qui laissa Chérie de Sammy perplexe : pourquoi les fauteuils des cinémas sont-ils toujours rouges ? Elle m'objecta bien qu'elle connaissait un cinéma de campagne où ils sont d'une couleur différente, mais il n'ouvre que trois jours par semaine en haute saison, et c'est de l'orange foncé. Pour ne pas dire du rouge délavé. Ce qui ne nous avance pas beaucoup. Certaines questions sont faites pour ne pas avoir de réponses.

Un peu comme le sens du film Les contes de Terremer, une histoire assez mal ficelée où un magicien déguisé en Obi-Wan Kenobi affronte un sorcier qui se prend pour Celui dont on ne doit pas prononcer le nom Voldemort[1] -en fait je n'ai pas trop compris si il s'agissait d'un sorcier ou d'une sorcière- et qui finit bien tristement, comme le chien du conte, avec des yeux de la taille d'une soucoupe.[2] C'est censé représenter le visage de la Mort. J'espère qu'elle n'est pas comme ça la Mort pour de vrai, ce ne serait pas très sérieux. Et avec un travail comme le sien, le sérieux, c'est important. Il est vaguement question de magie, de l'équilibre du monde, du cycle de la vie. Et de dragons. Que des choses grandes et magnifiques. L'équilibre du monde est bien entendu menacé par le méchant qui ressemble à un Voldemort qui aurait fusionné avec Marilyn Manson, et auquel l'émule d'Obi-wan explique que c'est la certitude de la mort qui rend la vie si belle. Ou quelque chose dans ce genre là. Le jeune padawan apprenti du magicien passe comme il se doit du côté obscur, mais il est sauvé par les supers pouvoirs de sa copine qui ressemble tantôt à Heidi, tantôt à Laura Ingalls, mais qui s'avérera être une magicienne aussi. Et les dragons volent dans tous les sens en crachant du feu, c'est ce qu'ils savent le mieux faire.

Bref, des bons sentiments, mais une histoire assez convenue aggravée d'une réalisation déficiente. A vrai dire, la seule surprise est de réussir à suivre le fil ténu de la narration d'un bout à l'autre. La seule manière de s'en sortir est d'oublier très vite les passages que l'on ne comprend pas et d'espérer que la suite apportera une explication. Goro Miyazaki a encore du chemin a faire pour marcher sur les traces de son papa...[3]

Samedi soir, entre minuit et minuit 30. Nous rentrons doucement en ne songeant plus du tout aux fauteuils rouges délavés et aux bars convoités par des fêtard égarés. La nuit est magnifique aujourd'hui. Serre-moi dans tes bras. Souris. Et laisse moi te regarder, avec des yeux grands comme des soucoupes.

***

[1] Vous n'avez pas lu Harry Potter ? Une telle chose est-elle vraiment possible ? A l'instar du méchant du film, Voldemort a un visage vipérin et sa principale motivation est la peur de la mort
[2] Hans Christian Andersen : Le briquet
[3]Hayo Miyazaki


18 avril 2007

Minuit 5, chronique du demi-sommeil

Minuit 5. Je soulève de quelques centimètres un doigt, puis le bras de la dormeuse avant de le laisser retomber mollement sans provoquer la moindre réaction. Comment fait-elle pour dormir ainsi ? J'ai rejeté l'énorme couette, repoussé le drap, cherché un air plus frais en m'asseyant dans le lit ; j'ai même été dans la cuisine boire un verre d'eau. Elle, dormant de tout son long, la tête dans un coin, les pieds dans l'angle opposé et les mains paisiblement posées sur le ventre, a même le tranquille toupet de ne pas ronfler.

Minuit 6. Le passage à la minute suivante s'est traduit par une imperceptible variation de la lueur verte émanant du réveil. Si au moins j'osais pousser la plupart des deux jambes qui me bloquent le passage. Mais j'ai bien trop peur de la réveiller. Je m'efforce de respirer lentement en songeant que si elle était un jaune d'oeuf, j'en serais le blanc : je suis presque cuit alors qu'elle ne frémit pas. Ma vague teinture scientifique choisit toujours les moments les plus innatendus pour ressurgir.

Minuit 7. Je commence à calculer avec angoisse le nombre d'heures avant le lever -je n'ose dire le réveil- le nombre de minutes qui me seront nécessaires pour poser un premier pied par terre, le nombre de fois que je ferai répéter les phrases aujourd'hui, le nombre de café qu'il me faudra ingurgiter.

Minuit 8. Quelques bruits mystérieux filtrent du monde extérieur, des échos d'une agitation lointaine que je renonce bientôt à identifier. Mais comment fait-elle pour dormir quand j'en suis incapable ? Et si je la réveillais pour lui demander ?

Minuit 9. Minuit 10. Minuit 11. J'ai un peu moins chaud. Après tout, ce n'est pas si grave. Je dormirais une autre fois. Je ne fais pas un travail si fatigant qu'il me soit absolument nécessaire d'avoir 10 heures de sommeil. Je la regarde une dernière fois avant de tenter de m'allonger. C'est beau une femme qui dort. Et si c'était ça le bonheur ?

09 avril 2007

Le premier pas

Comme promis hier, voici ma nouvelle participation à Paroles plurielles ; sur cette photo de Gilbert Garcin et à partir de l'incipit "J'ai presque une heure d'avance..." il fallait une fois de plus se creuser la tête...

J'ai pas creusé, j'ai attendu que ça vienne... et c'est venu une fois de plus au gré de mon humeur et des circonstances. Il arrive souvent que l'on mette plus de soi-même qu'on ne le pense dans un texte ; l'inconscient travaille en permanence. La plupart du temps, on s'en rend compte après coup. Cette fois-ci, je le savais en l'écrivant. Mais pouvais-je réellement écrire autre chose ?

Alors pour répondre à ta question Tilu oui, ça sent terriblement le vécu tout ça, même si c'est bien sûr transformé, travaillé, transposé... Ce n'est pas de l'autobiographie, et il n'y a vrai dire pas beaucoup de similitudes entre ce texte et la réalité, si ce n'est le sentiment qui sous-tend l'un et l'autre...

Allez zou, assez papoté, bonne lecture !

PS pour les lecteurs de PP : le dix-huit minutes de la fin s'est changé en vingt-huit... c'est quand même plus cohérent. Ce qui prouve que l'on a beau lire et relire, on laisse toujours passer des détails...


J'ai presque une heure d'avance... et si elle ne venait pas ? J'avais tellement peur d'être en retard que je suis presque venu en courant. Et maintenant je vais devoir attendre cinquante-cinq minutes. Ca fait combien de secondes ça ? Cinquante-cinq multiplié par soixante, ça fait, ça fait... je ne sais pas. Je n'arrive pas à compter, j'ai la tête bien trop évaporée. Oui, évaporée. Impossible d'aligner deux idées. Mais quelle heure est-il ?

Encore cinquante minutes. Non, quarante-trois très exactement. Ca passe plutôt vite finalement. Je suis vraiment à côté de mes pompes. A tel point que je me suis demandé tout à l'heure si je n'étais pas pieds nus. Quelle idée de choisir des chaussures neuves pour un premier rendez-vous ! En plus elles sont moches ; pieds nus je me serais presque senti mieux. Elle va me trouver ridicule, c'est sûr.

Quelle heure est-il ? Encore trente-six minutes. C'est fou le monde qu'il y a sur cette petite place. Pas de boulistes ce soir. Le sable fin est laissé aux passants et aux amoureux. Et si elle ne venait pas ? Ils ont de belles chaussures les autres. J'ai l'impression de ne voir que ça. Leurs chaussures. Les femmes sont très attentives aux détails parait-il. Elle va voir que les miennes sont horribles, c'est sûr.

Encore vingt-huit minutes à attendre, seul au milieu de la foule. Et si elle... oh... la voilà. Elle a presque une demi-heure d'avance.

08 avril 2007

Toujours vivant !

Si, si, je suis toujours vivant ! Mais très occupé actuellement...
Vous aurez quand même ma nouvelle participation à Paroles Plurielles demain, et un petit exercice proposé par Melle Bille d'ici quelque jours !

...psssst ! Vous savez quoi ? Le soleil est magnifique depuis une semaine :-)