31 août 2008

Blog day 2008, des blogs bien frais

Blog Day 2008Il y a un an déjà, j'avais cédé à cette facilité consistant à faire comme tout le monde (publier la même chose que tout le monde, au même moment que tout le monde), et voilà que je récidive cette année ! Pourtant, je fais des efforts dans l'élitisme, ne postant au maximum que deux billets par mois, quatre quand je suis pris de frénésie, atteignant le rythme haletant de un par semaine, qui me fait parfois craindre que vous ne puissiez pas tout lire.


Et mes craintes sont sans doute fondées, parce que je ne suis pas tout seul sur internet. Il y a d'autres gens, d'autres blogs intéressants, et cette année encore, je tiens absolument (si, si) à partager avec vous cinq découvertes récentes -trois sont de ce mois seulement, c'est dire si c'est frais- apportant un souffle de renouveau dans mes flux. Voici donc, en exclusivité bourguignonne (je reste modeste), ma sélection pour le Blog Day 2008 :
  • L'ivresse du palimpseste est un blog qui sème des graines de culture. Pour la plupart, les billets sont courts, s'organisant habituellement autour de citations pouvant parfois être sonores ; De Lichtenberg à Bill Muray, en passant par Verlaine et Segalen, on voyage à travers le temps et les sensibilités, et on découvre, pour ma part en tout cas, une foule d'auteurs qui mériteraient bien que je les lise...
L'ivresse du palimpseste

  • Les yeux ouverts, carnets d'un bibliothécaire de campagne : on pourrait dire que tout est dans le titre, mais ça ne suffirait pas. Pour la plupart, les billets sont ceux d'un bibliothécaire qui porte un regard tendre sur ses lecteurs, au fil de ses rencontres -nécessairement brèves- avec les différents types d'humanité qu'ils représentent. Il parle d'eux en tentant d'imaginer ce qu'ils ressentent, en précisant les bribes d'informations qu'il possède sur eux. Ce sont des petits portraits empathiques et attachants. Mais Nescio parle aussi de son quotidien, les relations avec les usagers (ouh le vilain mot), ses émotions de lecteur, de son regard sur le monde...
Les yeux ouverts 
  • Dautenbon, la feuille de chou toujours fraîche : Un très joli blog d'une galérienne qui fabrique elle-même sa galère jour après jour, c'est peu de dire qu'elle désire vivre de son art. C'est, comme elle se définit elle-même, une fabriqueuse d'histoires et d'images. En attendant la naissance de l'ouvrage décisif, avec toutes les virgules à la bonne place, qui la rendra riche et célèbre, elle parle, de tout, de rien, des dames de la météo, de sa conception du bonheur, de la lune et des carnets de route de Trouve Heura. On pourrait déjà l'apprécier juste pour ça. Mais depuis que j'ai vu qu'elle aimait Prévert, Frédéric Clément et L'Atelier du poisson soluble, elle ne risque pas de sortir de ma liste de lecture. D'autant plus qu'elle aime beaucoup les éléphants ;-)
Dautenbon

    • Tu mourras moins bête (mais tu mourras quand même) : Si je dis que c'est un blog pour apprendre en s'amusant, je vais passer pour le raseur de service. C'est pourtant le lieu pour tout savoir (ou presque tout) sur les organes vestigiaux, l'enfer de Dante, l'autotomie, ou la dissolution de l'Assemblée Nationale comme si vous y étiez ; et pour répondre à une foule de questions farfelues mais pas trop, comme celle sur le pipi des astronautes (comment font-ils, ne me dites pas que vous ne vous étiez jamais demandé), les relations entre le moi, le ça et le surmoi chez Michel Drucker (mais il parait que ça marche aussi chez les personnes normales), les astronautes qui font crac-crac dans l'espace (même remarque que tout à l'heure)... Ce que je regrette le plus, c'est que les gens d'Ecrans en aient parlé avant moi. On va croire que j'ai pompé.
    Tu mourras moins bête

    • La minute encyclopédique : pensé, écrit et originalisé par Madame de Keravel. C'est le lieu idéal si vous voulez savoir ce que Balzac pense du mariage, pourquoi la Princesse de Clèves était plutôt contre, (et monsieur de Nemours tout contre icelle). Pourquoi faire l'éloge du gris, et ce que pense le crabe dans votre assiette. Pourquoi il faut lire Cioran. Et tout ça en musique. Et si vous ne voulez pas, nous n'avons plus rien à nous dire, vous n'êtes tout simplement pas fréquentable.
    Madame de K.

    ***

    Comme je ne suis pas du genre à respecter complètement les consignes, je rajoute encore, pour la route :
    J'ai gardé pour la fin un petit nouveau tout à fait exceptionnel : ouvert depuis quelques semaines à peine, il totalise déjà plus de 1500 articles, et réussit non seulement le tour de force de parler de plus de blogs que je n'aie pu le faire ici, mais en plus, il fait ça tous les jours. Il s'agit bien entendu de notre meneur de revue, dont ce Blog Day 2008 est pour moi l'occasion de diffuser l'adresse nouvelle : Bloguer ou ne pas bloguer

    C'est tout pour aujourd'hui ! Vous pouvez vous remettre au travail !


    18 août 2008

    Au fil de l'eau

    Alors voilà, Paroles plurielles c'est donc vraiment fini. C'est dommage, mais pas trop triste, il faut bien que les choses aient un début et une fin. Et le blog reste en ligne pour pouvoir retrouver les anciens textes et les anciennes consignes, ce qui représente une source d'inspiration assez conséquente : je n'ai fait que 14 consignes sur les 72 proposées depuis la création du site, il m'en reste donc... euh... un certain nombre à (re)découvrir de temps en temps.

    C'est ce que j'ai fait cet été, en exhumant (pendant la sieste) d'un tiroir virtuel la consigne n°55, qui m'avait vaguement inspiré à l'époque, mais sans doute pas plus que ça, puisque je n'en avais rien fait ; toujours le même principe : une photo et une phrase. Cette fois là, il s'agissait de la phrase de fin : "Il lui donna solennellement les clefs de la maison."


    Il s'accouda à la barrière rouillée et laissa son regard errer jusqu'au fleuve en contrebas, au-delà du quai en friche où l'herbe gagnait sur les pavés. A ses pieds, quelques marches usées, encadrées par deux rambardes qui ne pouvaient dissimuler l'atteinte des années, se donnaient encore de faux airs d'utilité.

    Il était en avance, et cette pensée le fit sourire. Après toutes ces années sans avoir revu la maison, il se rendait compte qu'il était capable de se remémorer le moindre des détails de sa façade bourgeoise. Bien qu'il lui tournât le dos, il voyait se dresser à nouveau devant lui son portail hautain, ses fenêtres hostiles, ses sévères balcons de fer forgé. La vie prend parfois de bien étranges détours, comme autant de raccourcis vers le passé. La dernière fois, il avait pensé se jeter dans ce fleuve qui roulait ses eaux toujours indifférentes. La dernière fois, il était jeune et sans le sou, et on lui avait clairement fait comprendre qu'il n'était pas, pour mademoiselle Charlotte, le mari idéal.

    Et aujourd'hui, en cet automne de sa vie, le notable de Rouen qu'il était devenu, le notaire installé depuis plusieurs décennies qui comptait parmi ses clients la plupart des fortunes locales, s'était déplacé en personne sur le lieu de son amour perdu, peut-être pour mieux se rendre compte du temps écoulé, peut-être pour éprouver sa nostalgie ; en ce début d'octobre frileux, lui-même ne le savait pas vraiment.

    Il fut interrompu dans ses réflexions par l'arrivée bruyante de l'acheteur, jeune cadre trop dynamique venu de Paris. Il ne répondit pas à ses considérations météorologiques, se contentant du demi-sourire de celui qui est pressé d'en finir avec une formalité ennuyeuse. Il traversa la chaussée à pas pesants, serra la main de son client. Encore quelques papiers à signer et ce fut bon. Il lui donna solennellement les clefs de la maison.

    Les forteresses de Vauban classées au patrimoine mondial

    Douze fortifications de l'architecte militaire français Vauban (1633-1707) sont depuis hier inscrites à liste de l'Unesco recensant les sites ayant "une valeur exceptionnelle universelle"

    Vu sur le blog Secret Défense

    Je ne doute pas une seconde que l'Unesco ait pris cette décision après avoir lu mon article sur la forteresse de Monsieur de Vauban  :-)