28 juin 2009

Des psychopathes, des psychopathes, oui mais à Miami

Morgan Dexter n'est pas un mauvais garçon. Au dire de ses voisins, collègues et fréquentations occasionnelles, ce serait même plutôt un voisin charmant, un collègue sympathique ; un bon garçon. Même si certains le trouvent indéfinissablement bizarre. Sans pouvoir expliquer pourquoi. Juste une sensation.

Pourtant, c'est un bon garçon. Souriant. Toujours le mot pour rire. Gentil avec les enfants. Bien habillé. Propre. Méticuleux. Normal. Du moins il s'efforce de paraitre tel. Parce que tout dépend de ce que vous entendez par normal. Dans son genre, il est tout à fait normal. Il se prépare longuement, choisit le bon moment, et offre un travail soigné à ses camarades de jeu.

Son genre, c'est serial killer.



On peut donc affirmer qu'il n'est pas exactement comme tous les autres. Pour lui, les autres, ce sont "les humains". Il se rend bien compte qu'il n'est pas comme eux, avec leurs émotions, leurs coutumes, alors il fait ce qu'il peut pour les imiter, même si de temps en temps, il ne colle pas complètement à l'image que la société attend de lui, même si certaines de ses phrases commencent par "je" et finissent par "nous".

Parce qu'il n'est pas tout seul dans sa tête, Dexter. Il y a aussi le "passager noir" sur le siège arrière, passager clandestin qui prend les commandes de la dextermobile de temps en temps, pour s'offrir une petite virée.


Mais Dexter n'est pas non plus comme tous les serial killer : il ne tue que les méchants. Il ne tue que ceux qui le méritent. C'est à cause de l'éducation très stricte qu'il a reçu de son papa adoptif, ancien flic. Et puis il ne voudrait pas faire de la peine à sa petite sœur, jeune flic. Mieux que ça : à l'occasion, il lui donne un coup de main dans ses enquêtes, grâce à ses "intuitions" à la limite de la divination dès qu'il est question de meurtre !

Alors il choisit ses victimes, il fait des listes de méchants à éliminer et, quand le passager noir réclame son dû les soirs de pleine lune... Jetons un voile pudique sur cette scène de plaisir intime entre ce cher Dexter et son passager noir. Il ne restera à la fin que des sacs poubelle très propres, au contenu bien découpé, parce que bon, ce travail, son vrai travail, c'est avant tout un art, voyez-vous. Et puis le sang, c'est tellement sale. Tellement vulgaire. Juste bon pour les cinglés à la petite semaine.

Le reste du temps, il se fond dans la masse et exerce son métier de couverture avec application. Il est expert judiciaire au service médico-légal de la police de Miami. Sa spécialité, ce sont les tâches de sang...

Le décor est posé, à vous de décider ou non de faire connaissance avec ce charmant garçon. C'est une lecture agréable pour un après-midi au bord de la piscine, une matinée au lit, un moment transat. Je le déconseillerais toutefois pour les nuits d'insomnies, les femmes enceintes, les âmes sensibles, les allergiques à l'humour noir.

Et les serial killer. Qui n'ont aucun humour, ils font juste semblant.

***

Pour aller plus loin :
  • Ainsi que le rappelle Kiki en commentaire, Dexter est également une série saluée par la critique, bien plus intéressante que les romans "plutôt médiocres et complaisants" de Jeff Lindsay. (C'est eux qui le disent, moi je suis un gentil, un vrai, je traduis ça par "lecture agréable au bord de la piscine"...)

27 juin 2009

Michael Jackson, Twitter, et la nouvelle circulation de l'information

Article très intéressant de Damien Douani sur Read write web France, à propos de la mort de michael Jackson et de la transmission de l'information ; il a décidé de passer toute la nuit à observer, sur le net et à travers les médias "traditionels", la propagation de l'information sur la mort de Michael Jackson :
c’est typiquement le type d’électrochoc émotionnel qui permet de voir comment les courants informationnels se diffusent désormais, notamment quand les “médias classiques” sont pris au dépourvu
Il en tire la conclusion que cet événement est la démonstration d'une nouvelle hiérarchisation de l'information, ou plutôt de ses vecteurs de diffusion en cas d'événement soudain.



Idées fortes de son raisonnement :
- l'information se propage par bouche à oreille numérique
- la rumeur s'auto-régule (exemple de la mort supposée de Jeff Godblum)
- d'un réseau à l'autre, le contenu ne sera pas exactement le même : "alors que twitter véhicule du brut, de l’émotion spontanée, de l’information, du “breaking news”, facebook s’installe dans le partage, le souvenir, la mémoire"
- le mode de fonctionnement des médias "classiques" limite leur réactivité
-à l'inverse, les blogueurs sont plus réactifs

      Quelques remarques personnelles sur ces observations :
      - les "médias sociaux" et sites de micro-blogging s'avèrent de plus en plus efficaces pour relayer de façon extrêmement rapide une information
      - par contre, celle-ci peut être vraie... ou fausse, et l'auto-régulation évoquée suppose malgré tout l'intervention d'une source "extérieure" fiable
      - les médias dits "traditionnels", certes structurellement plus lents, ont tout de même pour métier de vérifier et de recouper l'information (en théorie)
      - c'est en général chez eux que l'on trouvera les détails, les explications et les analyses ultérieures à l'évènement, internet se contentant, dans cette seconde phase, de reprendre en boucle, comme Damien Douani le remarque lui-même : "on ne verra ressurgir dans twitter que les news liées aux “élucidations” sur les circonstances de sa mort"

          26 juin 2009

          En musique... Michaël Jackson est mort

          "On savait qu'il était fou. Mais c'est Michael Jackson", résume Ashley Leon, étudiant de 20 ans." (via France 24) C'est peut-être un peu excessif -encore que tout dépend ce qu'on entend par folie- mais je trouve que ce témoignage de fan correspond bien au personnage. Tous les artistes ne sont-ils pas un peu fous ? Assurément, c'était un immense artiste. Alors...

          Je vous propose ce soir un billet un peu long, avec quelques musiques et clips qui nous ont tous marqués. Des musiques mondialement connues (on peut aussi dire "des tubes planétaires" ça marche aussi), des clips hyper novateurs pour l'époque, qui racontent à chaque fois une histoire et qui s'engagent souvent pour une cause, avec la complicité de grands réalisateurs... Allez, prenez un moment et savourez...

          ABC (1970, Jackson Five)

          Sortie en février 1970, la chanson ABC, du second album éponyme des Jackson Five, détrône "Let it be" des Beatles en tête des ventes et devient leur morceau de référence. A cette époque le groupe est composé des cinq frères Jackson : Michael Jackson, le plus jeune, Jackie, Tito, Jermaine et Marlon.





          Dont Stop 'Til you Get Enough (1979, Off the wall)

          Après The Jacksons (deuxième nom des Jackson 5 suite à la rupture de leur contrat avec la Motown), Michael Jackson sort son réel premier album solo, Off The Wall (1979), qui inclue ce tube.





          Thriller (1982, Thriller)

          Prévoyez un quart d'heure... Ou plutôt 13 minutes 40 pour cette superproduction au budget faramineux, signée du cinéaste John Landis. Un véritable événement mondial. En France, le clip est présenté pour la toute première fois dans une émission de Michel Drucker, dans son intégralité, et en prime-time !






          Beat it (1982, même album)
          Comment choisir ? Première chanson rock du chanteur, qui était d’abord réfractaire à l’idée de chanter ce genre de musique, le single est dès sa sortie un énorme succès planétaire. Il devient disque de platine en 1989.






          Billie Jean (1982, toujours l'album Thriller, que voulez-vous, c'est une usine à tubes)
          Première apparition du fameux pas de danse, le moonwalk. Si ce n'est pas lui qui l'a inventé, c'est tout de même lui qui le dansait (dur l'imparfait...) le mieux.

          En programmant Billie Jean à chacun de ses concerts depuis le Victory Tour de 1984, Michael Jackson a fait de cette chanson l'un des succès phare de sa carrière. Le titre a été nommée à la 58e place du classement des meilleurs chansons de tous les temps par le magazine Rolling Stone.





          Bad (1987, Bad)

          Le clip de Bad est signé Martin Scorsese. Numéro un aux Etats-Unis à sa sortie en 1987, Bad devait être à l’origine un duo avec son rival, Prince. Ce dernier a refusé de chanter en expliquant que cette chanson serait "un succès même sans lui".





          Black & White (1991, Dangerous)

          Mon préféré ! Ce titre promeut l’universalité et l’entente entre les peuples ; il est considéré comme un des plus grands succès de Michaël Jackson. Il a été numéro un des ventes dans 18 pays. Encore une superproduction (11 minutes) qui met en scène l'enfant-star du moment, Macaulay Culkin (vous vous souvenez ? le sale gosse qui passait son temps à rater l'avion) et utilise une toute nouvelle technique : le morphing.






          Heal the world (1991, Dangerous)

          Ah ben non, c'est celle là ma préférée en fait ! C'est la chanson dont Michael Jackson a avoué être le plus fier. Une fondation, qui porte ce nom, vient en aide aux enfants les plus démunis. Cette chanson a été chantée durant la mi-temps de la finale du championnat de football américain, le Super Bowl, l’année de sa sortie. Michael Jackson aurait proposé à l’ONU de l’adopter.







          They don’t care about us (1995, HIStory)

          Cette chanson avait défrayé la chronique de l’époque qui traitait Michael Jackson d’antisémite à cause d’une des paroles de cette chanson : "Jew me, sue me, everybody do me/ Kick me, kike me, don't you black or white me". Le chanteur a toujours démenti. Deux clips ont été réalisés par le cinéaste Spike Lee : le premier dans les favelas de Rio de Janeiro a d’abord été bloqué par les autorités brésiliennes craignant pour leur images. Un second a finalement été tourné incluant plusieurs scènes qui dénoncent des abus contre les droits de l’homme.






          Les vidéos et les commentaires viennent en grande partie d'ici, de et de . Je n'ai pas beaucoup de mérite, mais je n'allais pas non plus y passer toute la nuit !

          15 juin 2009

          Chronique de l'innocent lecteur

          Cette chronique sera un appel au secours. J'ai besoin d'aide. J'ai lu le bref roman "Cité de verre" de Paul Auster, et je crois bien que je n'ai pas tout compris. Je suis très désappointé. Alors, plutôt que de faire des recherches sur l'internet pour savoir ce qu'il faut penser, je vais partager mon désarroi avec vous, amis lecteurs. Qui sait ? Sans doute quelqu'un me donnera t-il la lumineuse explication qui me fera sentir l'étendue de mon ignorance tout en me permettant, je suis optimiste, de me coucher, un soir prochain, un peu moins sot.

          Il me faut reconnaitre en guise de préambule que j'avais probablement placé trop d'attente dans ce livre, avant même de l'avoir ouvert. Juste en regardant la couverture. Voilà un roman sur New-York, une trilogie vaguement mythique, avec l'image du "grand auteur américain" en prime.

          Vancouver, la cité de verre

          Un narrateur raconte, à la troisième personne (je ne sais pas pourquoi mais je sens que c'est important), une histoire dont Quinn est le héros. C'est du moins ce qui est donné à voir à l'innocent lecteur. C'est moi, l'innocent lecteur. Quinn est un écrivain. On comprend très vite que sa vie s'est arrêtée lors de la mort de sa femme et de son fils ; il survit en évitant de penser, et en pratiquant à haute dose la production de polar et la déambulation new-yorkaise.

          Tout commence avec un appel téléphonique, une erreur vraisemblablement : un inconnu demande à parler à un certain Paul Auster, le soi-disant célèbre détective. Après avoir commencé par démentir vigoureusement, Quinn saura saisir sa chance au deuxième appel de l'inconnu : il se fera passer pour Paul Auster, et jouera les détectives privés. Plutôt que d'écrire un polar, il va essayer de se glisser dans la peau du héros de ses livres.

          L'histoire parait d'ailleurs relativement simple : il s'agit de surveiller le père, qui doit sortir de prison dans quelques jours, d'un malheureux jeune homme. Il s'était convaincu qu'une expérience de privation sensorielle permettrait à son rejeton de parler la langue de dieu. Il va sans dire que le résultat n'a pas été à la hauteur de ses espérances et, si l'ex-enfant du placard parle désormais un langage pour le moins particulier, il est peu probable que ce soit celui du créateur du ciel, de la terre et de tout le toutim.

          Quinn, armé de son cahier rouge tout neuf, va donc surveiller le sombre illuminé dès sa descente de train - ah non, pardon : il va se mettre à suivre l'un des deux, car ce sont deux vieillards quasiment jumeaux qui vont arriver par le train annoncé, s'engager dans le métro, et bifurquer chacun dans un couloir opposé. Le peu de compréhension que j'ai de cette histoire m'incite à penser que c'est à ce moment là que l'on tombe dans une folie... Mais laquelle, et pourquoi ?

          Dans les premiers temps, on reste à peu près sur les rails d'une réalité plausible : le vieux déambule de son hôtel à son hôtel, décrivant entre le départ et l'arrivée une promenade dont la seule caractéristique est de s'inscrire dans une aire géographique strictement délimitée. Quinn finira par s'apercevoir, ou s'imaginer, que le relevé de ses parcours quotidiens sur le plan du quartier forme chaque jour une lettre différente, puis au fil des jours, un mot, puis une phrase...

          Le temps d'un bref passage chez le "vrai" Paul Auster, qui n'est pas plus détective que lui, et qui rédige un essai sur Don Quichotte, archétype de l'homme à la poursuite d'une illusion, et Quinn se décide à aborder son homme d'une manière qu'il pense subtile, ce qui donne lieu à une conversation intéressante où le loufoque explique à l'apprenti détective que le langage humain, depuis l'épisode de la tour de Babel, est bien pauvre : pourquoi est-ce qu'un parapluie cassé, sans toile, ou sans manche, bref, un objet qui ne peut plus servir à s'abriter de la pluie, continue t-il à s'appeler un parapluie ? Sa quête n'a pas variée depuis sa première expérience : il veut retrouver ce langage perdu, quitte à le réécrire lui-même, en nommant un à un les objets cassés qu'il ramasse dans la rue.

          Peu après, tout s'emballe pour le héros et tout devient flou pour le lecteur : le vieux toqué disparait (on ne sait pas trop si il est mort ou si il a changé d'hôtel), Quinn en tire la conclusion, évidente pour lui seul, qu'il va donc bientôt passer à l'action, et décide donc de monter la garde devant le domicile de la victime potentielle. Jour et nuit. Au sens littéral. Il ne mange plus, ne dort plus, devient au fil des mois une loque coincée entre les poubelles et le paillasson. Quand il estime que tout danger est écarté, il s'en va, cahin caha, annoncer la bonne nouvelle à son employeur. Il ne trouvera qu'un appartement vide. Rentrant chez lui, ce sera pour constater le phénomène inverse : le sien est occupé. Pendant son trip-paillasson, le monde ne l'a pas attendu.

          Les dernières pages du roman m'ont définitivement plongées dans la perplexité : Quinn s'installe dans l'appartement de son client disparu. Quand je dis qu'il s'installe, c'est une périphrase trompeuse : il commence par se mettre tout nu en jetant ses vêtements dans le vide-ordure, puis se roule en boule dans le placard à balai, d'où il ne sort que pour écrire dans son cahier rouge. De moins en moins longtemps chaque jour, car la lumière disparait progressivement. A la toute fin, il disparait lui aussi. C'est alors que le narrateur, accompagné de Paul Auster, pénètre dans l'appartement, trouve le cahier, et engueule Paul Auster de s'être montré aussi négligent envers Quinn.

          Pauvre Paul Auster. Je suis sûr qu'il a aussi peu compris ce qui lui arrivait que le malheureux lecteur.

          C'est moi le malheureux lecteur. Vous n'allez pas me laisser comme ça ?

          02 juin 2009

          Cherchons la m... sur Twitter

          Il y a beaucoup de gens qui me "suivent" sur Twitter. Quand je dis "beaucoup", c'est relatif, mais ce qui est sûr, c'est que nombre d'entre eux ne me suivent pas pour la pertinence dans le choix des liens que je poste, ni pour être à l'affut de mes occasionnelles pensées, et encore moins pour être averti de mes publications bloguesques.

          Que nenni. Pour bon nombre de nouveaux venus dans le twitterland, il est de bon ton de suivre le maximum de personnes, dans l'espoir d'être suivi en retour, et d'attirer ainsi de nouveaux "followers", etc. Bref, du spam 2.0

          En règle générale, je regarde brièvement le contenu des derniers twitts, éventuellement le site ou le blog correspondant, avant d'archiver le mail sans suivre en retour. Le dernier en date n'a pas failli à la méthode ; dès le premier regard, l'affaire m'a parue pliée : photo de Cindy "Papillon de lumière" Sander en guise d'avatar, "de_merde" comme pseudo et l'accroche suivante comme présentation : Je suis un bot, et je cherche la merde sur twitter.

          Sauf que... sauf que "il" ou "ça" m'a retwitté. Sauf que tous les twitts de la page ont un point commun... Ah ben oui : ils contiennent tous, pourvu que maman ne lise pas, le mot merde. Et c'est là que j'ai compris. Tout est vrai. Un petit rigolo s'est amusé à faire twitter un robot à chaque occurence du mot "merde". Et là, tout s'éclaire, tout devient soudainement plus intéressant, pour ne pas dire véronisien  ;-)  Je crois que je vais le suivre.


          Mais quelle grossièreté a bien pû me valoir les honneurs de ce bot farceur ? Tout simplement celle-ci, captée sur l'indispensable et bien nommé site Vie de merde :
          Aujourd'hui, en descendant du train, je vois une jeune femme en difficulté avec sa grosse valise. Gentleman, je lui propose de l'aider et de porter sa valise. Elle me fusille du regard et me lance un "macho de merde" tout en traînant sa valise. VDM