24 avril 2011

Peut-on imaginer House heureux ?

Camus a dit : "Il faut imaginer Sisyphe heureux". Outre le plaisir de commencer un billet en citant Camus, ça fait tout de suite très sérieux, cette phrase me permet de passer tout de suite à complétement autre chose, et ça aussi, j'aime beaucoup. 

Avez-vous regardé le retour du méchant docteur, ce mardi sur France One ? Il n'est plus tout à fait aussi méchant, je suis presque déçu. Mais je suis sûr que ce n'est qu'une feinte. Car on ne peut raisonnablement pas imaginer House gentil et heureux. Gentil, ça passe encore, nul n'est à l'abri d'un moment d'égarement. Mais heureux, non, ce n'est pas envisageable. Déconner 5 minutes avec Camus sur le mythe de Sisyphe passe encore, mais il y a des limites à tout. Un peu de décence tout de même.

doctor's house
Doctor's house CC donielle

Trêves de plaisanterie, j'ai appris il y a peu que le Docteur House est aussi un Mister Blues :






Il joue, il écrit, et maintenant, il chante ! Autant j'ai toujours été allergique aux comédiens qui se mêlent de pousser la chansonnette (la plupart du temps pour tenter de reconquérir quelques parcelles de notoriété, il faut bien le dire), autant à celui là, je lui pardonne d'office. Et en plus c'est à mon goût.

Mais comme il est dit quelque part que tout finit en déconnade (et non pas en chansons, comme on l'a souvent cru à tort)...






20 avril 2011

Une pensée pour le Japon

Je ne sais pas si cela tient de la capacité naturelle de l'homme à mettre sous une chape de plomb les pensées désagréables, mais je trouve que, décidément, on parle bien peu du Japon, tout juste un mois après une catastrophe qui n'est toujours pas terminée. Oui, je sais, il se passe bien d'autres tragédies dans le monde. Je ferais modestement remarquer que l'on n'en parle pas plus...

Je suis tombé il y a quelques jours sur le blog de Paul Jorion, que je ne connaissais pas, et qui semble causer d'un tas de choses intéressantes, qui ne sont ni très simples, ni très optimistes, mais passons.

J'en viens à mon sujet ; il a posté il y a quelques jours une vidéo amateur du tsunami japonais.

Je n'en dis pas plus, si ce n'est que ça ne dure que 5 minutes, mais que vous n'en ressortirez pas indemnes.

18 avril 2011

Laïcité : ils avaient cru s'y fier

Ce matin, j'avais envie d'écrire moult choses grandes et magnifiques. En fait, non. Ce matin, comme tous les  matins, j'espérais avoir le temps d'écrire lesdites grandes et magnifiques choses. Ce matin j'avais envie d'écrire sur ces quelques avignonnais excités du crucifix. J'avais déjà été interpellé par le sujet la semaine dernière : des fidèles, archevêque compris, s'indignaient de ce que le musée d'art contemporain local donnait à voir, à l'occasion d'une exposition intitulée "Je crois aux miracles" une photo d'un crucifix plongé dans l'urine. Ah la vilaine chose.

Passant de la parole divine aux actes des apôtres, ils sont partis en croisade contre l'image impie, bien décidés à chasser de leur ville le blasphème comme Jésus du temple les marchands : à grand coup de trique dans la tronche, parce que... parce qu'ils ne voyaient décidément pas d'autres solutions. Le jour du Seigneur, ils ont donc dispensé son message d'amour et de tolérance à grands coups de marteau et de pioche, histoire que ça rentre mieux.

Immersion (Piss Christ) de Andres Serrano

Quand j'ai vu cette image, j'ai pensé à Prévert répondant à une provocation de ses potes surréalistes qui avaient accroché un crucifix à la chasse d'eau, qu'il ne fallait pas "salir la merde"... Autant dire que le blasphème pipi-caca-crucifix ne date pas d'hier, et ne doit pas être réduit à un premier degré simpliste, ce qu'a parfaitement compris un chroniqueur d'une revue que l'on peut difficilement qualifier d'antichristianisme primaire, puisqu'il s'agit de Témoignage chrétien.

Pour l'auteur (pour qui les saccageurs d'Avignon sont de "pontifiants zouaves" et des "canailles"), l'image, volontairement infamante, rappelle les outrages subis par le Christ :
De la Croix du Sauveur, on fait trop facilement un pendentif, un motif décoratif, un signe sans signification. Et voilà que par le geste brutal d’Andres Serrano elle est rendue à sa brutalité : la Croix redevenue un scandale – du grec skandalon, l’obstacle.  


Au Musée des Beaux-arts d’Avignon, on s’y arrête. Elle a perdu ses contours vaporeux de symbole pour redevenir le gibet infamant sur lequel a été cloué Jésus, mort entre deux bandits sous les moqueries pour avoir prêché le pardon des offenses, la pitié des vaincus et la délicatesse envers les opprimés.
Voilà un chrétien qui ne s'est pas arrêté au prétendu blasphème, et qui a cherché ce qu'une telle image pouvait bien vouloir dire, avant de cogner comme un sourd en pleine crise de foi. Que savent les petits fracasseurs à la tête de bois des convictions ou de la foi de l'auteur du cliché ? Et si le message qu'il voulait faire passer était bien celui mis en avant par le chroniqueur ?

Piss Christ vandalisé

Non seulement, dixit le directeur du musée, "l'ignorance de ces gens est hallucinante" (ils ont détruit au passage une photo de mains de religieuse qui n'avait a priori rien de blasphématoire), mais ils appartiennent à une mouvance dont le but est "la restauration de la royauté sociale de Notre Seigneur Jésus-Christ", ce qui est un programme à faire frémir le Vatican.
Alors ?

Faut-il brûler Prévert ? Faut-il brûler Breton et consorts ? Faut-il brûler les artistes ? Faut-il déclarer Témoignage chrétien frappé d'hérésie ?

Ne faut-il pas plutôt se poser des questions sur le sens profond de cet événement ? Qu'avons-nous fait pour en arriver là ? Quelles coupables négligences, quelles passivités a t-il fallu pour permettre cela ? De quoi la destruction du Piss Christ est-elle le nom ?

Quel est ce pays où quelques excités peuvent détruire une œuvre d'art au prétexte que eux ils pensent que "ce n'est pas de l'art" et qu'ils se sentent atteints dans leurs convictions profondes ? Pierre Haski, dans son article sur Rue89, veut voir dans cette affaire une lointaine résurgence du funeste débat sur la laïcité ; il n'a pas tort, car nous avons affaire ici à des groupuscules se sentant autorisés à agir car confortés dans leurs opinions.

Il y a longtemps que j'ai perdu la foi, c'est une vieille histoire entre un Dieu qui n'existe pas et ma conscience.
Je viens de rompre avec Dieu. Je ne l'aime plus.
En amour, on est toujours deux. Un qui s'emmerde et un qui est malheureux.
Depuis quelque temps, Dieu me semblait malheureux. Alors, j'ai rompu.(1)
Mais je ne sache pas que j'aille imposer mon athéisme aux croyants.


PIERRE DESPROGES LETTRE OUVERTE à MONSEIGNEUR... par kirivalse


(1) Pierre Desproges : Rupture - Chroniques de la haine ordinaire 
 

11 avril 2011

Les arts de la table

J'ai des soucis d'argent, mon banquier remet le couvert avec mon découvert. C'est ma faute, je ne suis pas vraiment économe, je suis même un vrai panier percé, et je passe beaucoup de temps dans les casinos, devant les machines à sous vide. Je suis sur le grill, et j'ai décidé de m'adresser à un conseiller fiscal afin de calculer l'assiette de mon impôt, au moins à la louche, histoire d'avoir une fourchette. La situation devient en-effet assez sérieuse : pour tout dire, le Trésor public et moi, c'est à couteaux tirés.(1)

J'attendais beaucoup de cette entrevue car entre-nous, les ennuis financiers, j'en ai soupé. Après les considérations météorologiques d'usage en guise de hors d'œuvre, j'ai sorti mes documents de ma serviette, et nous sommes passés au plat de résistance. Après quelques minutes passées à éplucher mes comptes, il m'a regardé par-dessus son verre (il est très chic et porte le monocle), et m'a dit qu'en trente ans de carrière, il n'avait jamais vu une situation aussi bouillante. 

Trente ans ! me suis-je exclamé malgré moi. Il est bien un peu poivre et sel, mais je ne l'imaginais pas si vieux. Tant mieux, un conseiller qui a de la bouteille, c'est toujours bon à prendre, il ne doit pas être du genre à se prendre les pieds dans la nappe au premier pépin. C'est très sérieux, a t-il poursuivi, avec toutes vos casseroles, je ne serais pas étonné que ça finisse par tourner au vinaigre. Vous avez bien fait de venir me voir, votre gestion a vraiment besoin d'un coup de fouet. Bien sûr, si vous aviez des espérances... Hein ? Qu'est-ce qui est rance ? demandai-je surpris.

Non, des espérances corrigea t-il. Un héritage si vous préférez. Jouons cartes sur table poursuivi t-il : vous n'êtes pas né avec une petite cuillère en or dans la bouche, et à moins de décrocher la timbale, il ne va pas être facile de passer l'éponge sur vos dettes. Vous pourriez aussi cuisiner votre banquier pour qu'il soit moins regardant... et allez-y piano sur les dépenses.

Pour mon banquier, faut pas y compter, il est complètement toqué. Mais pour le reste, vous êtes un chef, je vais suivre votre recette !



(1) Image CC bensutherland

08 avril 2011

Somewhere in France...

 France is a very beautiful country.


What I like about the French is their ability to defend their language, including the smallest details of everyday life.


 Just look at the evidence in pictures...

05 avril 2011

Lectures de mars (et ça repart)


- Far West, journal de la première traversée du continent nord-américain - 1 : La piste de l'Ouest / Meriwether Lewis, William Clark 

Le récit mythique de la première traversée du continent américain. Un journal de bord au jour le jour, avec des rivières, des indiens, des grizzly, des bisons, des indiens et des épines de figuiers de barbarie. Et aussi quelques indiens. J'avoue, l'ingestion est un peu pénible, et j'ai eu un peu de mal à finir. Mais si on est dans le bon état d'esprit, ce journal de bord se lit comme un roman d'aventures : une poignée d'hommes à la découverte d'un vaste territoire totalement inconnu, des espaces immenses découverts pour la première fois, des relations avec les indiens aussi diverses que le sont les multiples tribus rencontrées, mais toujours pacifiques. C'est plus tard que ça se gâtera. Pour tous ceux qui veulent plonger aux sources des mythes de la Conquête ou rêver d'une autre Amérique...



- Le secret de l'espadon : est-ce dû à ma récente chronique sur Blake et Mortimer ? Toujours est-il que je suis tombé sur une édition complète (les 3 tomes en un seul volume), et que je n'ai pas pu résister au plaisir de le relire.



- Joe Bar team : tomes 1, 3 et 7 prêtés par un collègue. Je pense que l'on doit mieux apprécier tout le sel des gags si on est -comme lui- motard soi-même, mais cela reste assez drôle. D'ailleurs, j'ai lu les 3 Tom, et Jerry.