25 octobre 2012

Pourquoi le Louvre à Abu-Dhabi et à Lens ?


Je ne passe pas souvent du côté de chez Thé au Jasmin, et c'est une erreur, car c'est toujours un régal pour les yeux. Aujourd'hui, j'ai découvert dans cet article de sublimes petites choses en ivoire,. Elles sont gothiques, précieuses, moyenâgeuses.(1)  

Il s'agit d'une descente de croix du XIIIème siècle dont le musée du Louvre se propose d'acquérir les deux statuettes manquantes pour compléter l'ensemble. Bravo. Les deux exquises babioles sont estimées à 2,6 millions d'euros(2). Tant mieux. Cet argent sera mieux employé là que dans des casques de CRS ou des voyages de ministre. Comme il manque encore 800 000 euros pour compléter la cagnotte, le musée lance un appel aux dons.

Seulement, la madame Michu qui sommeille en moi s'est offusquée, se demandant par la grâce de quel paradoxe il était possible d'ouvrir des "Louvre bis" à Abu-Dhabi et à Lens, et dans le même temps faire appel à la générosité publique pour enrichir les collections du musée. J'ai donc fait quelques recherches rapide sur l'oracle, et j'en ai retiré a à peu près ceci : concernant le Louvre-Lens, l'investissement est en grande partie pris en charge par l'Union Européenne, la région et le département. Pas par le musée lui-même. On peut être pour ou contre le projet (je n'ai toujours pas réussi à me décider entre l'idée géniale et le gaspillage), ce n'est pas lui qui obère la (faible) capacité d'acquisition du musée.

Pour ce qui est du pharaonique "Louvre des sables", la situation est un peu plus compliquée. S'y mêlent des problématiques d'influence dans une région stratégique, de diplomatie, et aussi de gros sous. Surtout de gros sous. Pour le Louvre et les musées associés à l'opération, Abu-Dhabi c'est avant tout une grosse tirelire de 400 millions d'euros tout de suite et un milliard sur 30 ans.

Il y a de quoi laisser aux vestiaires les interrogations sur le respect des droits de l'homme, la situation de la femme dans les émirats, la censure sur certaines oeuvres...

Madame Michu en est toute retournée. 

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(1) Saint Jean (détail). ©Musée du Louvre - Photo Martine Beck-Coppola 
Du copyright sur la photographie d'un objet qui n'appartient pas encore au Louvre et qui vise à intégrer le domaine public... Comment dire... waouh !

(2) Soit 0,05 Kerviel. Je rappelle que le Kerviel est la nouvelle unité de mesure des flux financiers mondiaux, et que 1 Kerviel = 4 900 000 000 euros, ce qui représente quand même pas mal d'argent.


22 octobre 2012

L'homme qui rit au cinéma


J'ai découvert via Twitter la bande annonce d'une nouvelle mouture de L'homme qui rit au cinéma, avec Obélix dans le rôle d'Ursus et The Crow dans le rôle titre.

Au delà de la boutade, je suis un peu chagriné par l'aspect trop lisse, presque trop beau, du personnage de Gwynplaine : à peine une petite cicatrice de part et d'autre de la bouche. Je ne dis pas que c'est joli, mais ce n'est pas non plus monstrueux. Je trouve que cette propension à adoucir les monstres est une tendance assez pénible du cinéma "mainstream" actuel. 

C'est dommage, car c'est perdre une des plus grandes forces de l'oeuvre : l'homme qui rit, c'est la tronche du Joker avec l'âme de Bruce Wayne. Les précédentes versions filmées ne l'ont d'ailleurs pas loupé, que ce soit celle de Paul Leni (1928) ou celle de Jean Kerchbron (1971).


 Je ne sais pas si j'ai envie ou pas d'aller voir ce film. J'ai peur d'être déçu, à cause des réserves formulées ci-dessus, et n'ayant pas encore lu le livre, je ne voudrais pas m'imposer des images avant d'avoir pu imaginer les miennes. De plus, c'est une histoire qui me poursuit depuis suffisamment longtemps (voir ici et ) pour que je n'aie pas envie de la déprécier. 

18 octobre 2012

17 octobre 1961 - Un massacre enfin reconnu

J'évoquais, il y a un an et un jour, le massacre du 17 octobre 1961, massacre tabou pour la classe politique française. Le président Hollande vient de rompre ce tabou, et ça ne plait pas à tout le monde. 

Je suis assez effaré que des voix s'élèvent, à droite et très à droite, pour critiquer cette prise de position. 51 ans après ! Il serait peut-être temps de regarder le passé honnêtement, bien au-delà des clivages partisans. Reconnaître une faute n'est pas devenir moins bon, bien au contraire. Et ce n'est pas une preuve de faiblesse non plus, reconnaître sa responsabilité n'occulte en rien le fait que l'on puisse aussi avoir été victime.

L'occasion de revenir sur cette application lancée en partenarait par OWNI et El Watan, Mémoires d'Algérie, permettant de visiter des archives étatiques, militaires et privées, pour raconter "une autre guerre" que celle rapportée par les discours officiels. 


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Revue de presse : 
Ce dernier article a d'ailleurs l'intérêt et l’honnêteté de revenir sur le silence des médias français à l’époque des faits, le silence politique pendant 50 ans, et aussi le silence côté algérien : "il s’agissait, pour le jeune Etat, de minimiser l’action des Algériens de France, pour mieux glorifier celle des combattants d’Algérie."

17 octobre 2012

Cadre de travail



J'aime beaucoup cette image, vue il y a quelque temps déjà sur Reddit. L'impression de nostalgie qui s'en dégage, liée au côté désuet savamment étudié de cet atelier de forgeron ; le fait de savoir que l'homme sur l'image est le père de la photographe ; le chien à ses pieds... L'impression, somme toute, de pénétrer dans l'univers d'une personne par l'intermédiaire de son lieu de travail. Ca me rappelle cette série de photographies, dont j'avais parlé il y a exactement 3 ans...