31 décembre 2013

Astérix chez les pictes

J'ai lu le nouvel Astérix. Dans l'ensemble, c'est plutôt un soulagement, même si je reste sur ma faim. Soulagement, car après les catastrophiques albums précédents (de La rose et le glaive à Le ciel lui tombe sur la tête), on retrouve un personnage et une aventure conforme à ce que l'on est en droit d'attendre de l'univers. Mais pas plus. Du service minimum en fait.

D'accord, il y a quelques bonnes planches, des jeux de mots de bon aloi (la page sur le "fondu enchaîné" par exemple), mais aussi des gags creux et pas mal de redites, comme Assurancetourix qui a "encore raté une marche". Il ne sert à rien de faire des clins d’œil aux connaisseurs, on attend plutôt du neuf, du drôle, du bon.

L'histoire en elle-même est un peu légère, c'est presque un copié-collé du scénario du Grand fossé, jusqu'au chef des méchants qui n'est pas sans évoquer Acidenitrix, dans un style de personnage vaguement pas humain. Il ne se passe pas grand chose, il n'y a pas de rebondissements, aucun suspens et j'ai déjà un peu de mal à me rappeler de ce qu'il s'est passé entre la découverte du calédonien sur la plage du village et le banquet final.

Un détail qui en dit long : la place accordée à Ferri et Conrad sur la couverture. Si, si, ils y sont, cherchez bien. On sent que papy Uderzo est derrière leurs épaules ; il y a pas mal d'attitudes figées, un peu comme les mimiques forcées d'un vieux comique fatigué, ou l'humoriste duquel on attend "la" phrase qui a fait son succès. J'ai eu l'impression diffuse qu'il y avait comme objectif de caser le maximum de figures imposées dans cet album : la rencontre avec les pirates, les disputes d'Astérix et Obélix, il est frais mon poisson, qui c'est qu'est gros ? etc.

Le dessin est fidèle à l'original... trop fidèle ? Il faut parfois savoir trahir intelligemment. Prenez par exemple l'excellent travail de Juillard qui a repris Blake et Mortimer (La machination Voronov) : on voit bien que ce n'est pas le dessin de Jacobs, mais ça passe super bien, parce que le style a été conservé, sans que ce soit du décalquage. J'ai l'impression désagréable qu'Astérix et Obélix sont en train de se cartooniser : un catalogue d'expressions figées, des histoires où il ne se passe rien, des dialogues et des gags mous.

Mais je râle, je râle...  Que voulez-vous, c'est mon côté gaulois grincheux. Je regrette, comme beaucoup, le côté trop enfantin et premier degré de cette BD. J'ai été nourri à l'Astérix dès mon enfance, j'ai lu et relu tous les albums, m'émerveillant à chaque fois, parce que j'avais compris un nouveau jeu de mot, saisi une allusion... Un album comme celui-ci, ça ne fera pas rire le petit garçon devenu adulte qui le relira dans 20 ans. Alors que Le domaine des dieux ou Le bouclier arverne, ça me fait toujours marrer.

Faut-il garder l'espoir ? Je ne peux que souhaiter aux deux nouveaux titulaires de la franchise de réussir à s'affranchir du souvenir de leurs glorieux ainés et de la pesante tutelle d'Uderzo. 

Alea jacta est.


06 décembre 2013

In memoriam Nelson Mandela (1918-2013)

Dans les ténèbres qui m’enserrent,
Noires comme un puits où l’on se noie,
Je rends grâce aux dieux quels qu’ils soient,
Pour mon âme invincible et fière,

Dans de cruelles circonstances,
Je n’ai ni gémi ni pleuré,
Meurtri par cette existence,
Je suis debout bien que blessé,

En ce lieu de colère et de pleurs,
Se profile l’ombre de la mort,
Et je ne sais ce que me réserve le sort,
Mais je suis et je resterai sans peur,

Aussi étroit soit le chemin,
Nombreux les châtiments infâmes,
Je suis le maître de mon destin,
Je suis le capitaine de mon âme.


Invictus, William Ernest Henley, 1875

07 novembre 2013

Il faut lire Albert Camus

Aujourd'hui, Albert Camus aurait eu 100 ans. Non, probablement pas. La clope ou la tuberculose auraient eu sa peau avant. Mais le destin est absurde : il est mort comme une princesse d'opérette, dans un accident d'automobile.

Il faut lire Albert Camus. Pas pour se donner de faux airs d'intello de gauche. Pas pour des motifs idéologiques abscons, pour cracher du venin sur la tombe de Sartre, pour briller dans les soirées ou impressionner Tatie Germaine qui ne lit que le programme télé depuis un demi-siècle. Il faut lire Camus parce que c'est prenant. J'ai eu envie d'écrire captivant, haletant, intéressant, mais je crois que prenant résume bien la façon dont j'appréhende ses livres : je commence à lire "pour voir", presque distraitement, et je m'aperçois que je ne peux plus poser le livre. C'est ce qui m'est arrivé avec La peste, c'est ce qui vient de m'arriver alors que je voulais "juste relire le début de L'étranger". Tant pis s'il y a des subtilités qui m'échappent, tant pis si des gens plus brillants que moi ont fait des thèses sur le juste ou la solitude chez Camus . On s'en fout. Camus, ça se lit bien, inutile de faire des complexes. 

J'ai un peu lu son théâtre également : Caligula, L'état de siège, Le malentendu. L'état de siège surtout, m'a vraiment plu, au point que je l'ai lu deux fois de suite. Sans rien révéler, c'est une pièce qui traite de la mise en place d'une dictature en se servant du prétexte de la peste. C'est une métaphore, avec des personnages caricaturaux, mais le coup porte juste.

J'ai lu La chute, qui laisse un souvenir poisseux, nauséeux mais donne une image tellement vraie de la condition d'homme. J'ai lu L'exil et le royaume, auquel j'ai un peu moins accroché. Il faudra que je le relise.

Avant de lire la suite*.


*Le téléchargement çaymal, ça tue des chatons.

02 septembre 2013

Luthien et Beren - Un souvenir de Tolkien

Je cherchais un petit quelque chose à écrire pour ce 2 septembre 2013, jour du 40ème anniversaire de la mort de Tolkien. Puis, favorisé par les dieux de la sérendipité, je suis tombé sur cette image, particulièrement émouvante : la tombe où il repose, aux côtés de son épouse.
Il a fait graver Luthien et Beren sur la pierre.

ceridwen [CC-BY-SA-2.0 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.0)], via Wikimedia Commons

22 août 2013

A l'ombre des libertés mortes

Je n'avais pas envie d'écrire sur Prism, Snowden, la NSA, toutes ces histoires compliquées et affligeantes d'espionnage. D'autres le font mieux que moi. Mais il arrive parfois que je ne puisse plus faire autrement pour me sortir certaines pensées de la tête. Passe encore que la NSA et autres grandes oreilles d'ici et d'ailleurs écoutent aux portes et lisent vos mails à Tatie Germaine, mais depuis 2001, c'est notre liberté à tous qui est en jeu. L'arrestation récente de David Miranda vient illustrer mon propos en faisant se rejoindre les deux problématiques.

Premier acte : David Miranda, le mari de Glenn Greenwald a été arrêté et détenu arbitrairement pendant 9 heures -9 heures d'interrogatoire hein, ils ne lui ont pas servi le thé- dans un aéroport londonien, en vertu d'une loi antiterroriste qui fait de chaque citoyen (pardon, sujet) britannique un terroriste potentiel. J'apprends incidemment en lisant ce même article qu'une journaliste du Guardian, Laura Poitras, "a déjà été retenue plus d'une quarantaine de fois dans des aéroports [...] depuis qu'elle a été placée, en 2006, par les Etats-Unis sur la liste des personnes à contrôler en priorité". Pour quelle raison ? Elle gêne : elle a commis des reportages critiques envers l'Administration américaine, et travaille sur les dossiers confiés par Edward Snowden. On se doute bien que ce n'est pas pour ses éventuels liens avec Al Qaïda que le mari du principal catalyseur de l'affaire Snowden a été retenu pour 9 heures d'interrogatoire(1). C'est bel et bien de l'intimidation, et une menace directement adressée à un organisme de presse par le gouvernement de son propre pays.

Deuxième acte : dans un article appelé à faire date, le Guardian révèle que le gouvernement britannique a forcé le journal à détruire des informations fournies au journal par Edward Snowden, le menaçant d'une procédure judiciaire s'il ne coopérait pas.
"Et alors s'est produit l'un des moments les plus bizarres dans la longue histoire du Guardian. Deux experts en sécurité de la GCHQ(2) ont surveillé la destruction des disques durs dans les sous-sols du Guardian, pour être bien sûrs qu'il ne restait plus rien dans ces petits morceaux de métal tordus qui puisse constituer un quelconque intérêt à être passé à des agents chinois."
Là où le tragique (censure, pression, intimidation) confine à l'absurde, c'est dans le paragraphe suivant : "Whitehall était satisfait, mais cette détermination contre un élément symbolique du dossier a montré le peu de compréhension du gouvernement sur l'ère du digital", écrit encore le rédacteur en chef du Guardian. En effet, les disques durs détruits ont tous été copiés au préalable." Sans commentaires.

Contrairement à Pixel libre, je ne suis même pas étonné "qu’un gouvernement sans aucun rapport direct avec la NSA et les États-Unis ait pris ses libertés quant à faire pression sur un organisme de presse". Ce ne sont pas seulement les États-Unis qui sont en cause dans cette affaire. Si l'occasion se présentait, les services français agiraient exactement de la même façon pour préserver leurs petits secrets honteux. 

Je trouve dommage que la déclaration d'Alan Rusbridger, rédacteur en chef du Guardian se limite aux seuls journalistes : "Comme les événements dans un salon de transit d'Heathrow - et dans les bureaux de Guardian - l'ont montré, la menace pour le journalisme est réelle et croissante". Il a raison, bien sûr, mais ce sont tous les citoyens qui sont menacés. La vérité est que nous vivons dans un monde où les États ont peur de leurs citoyens. Pour eux, la menace ce n'est plus Ben Laden, c'est nous. La machine à protéger s'est transformer en machine à surveiller. Il y a longtemps que l'on sait que la lutte contre le terrorisme n'était qu'un prétexte.

Entre 2009 et 2012 rapporte Le Monde, plus de 69 000 personnes ont été retenues contre leur gré pour interrogatoire, afin de déterminer si elles ne préparaient pas des attentats sur le territoire britannique. 97% des personnes ont été interrogées pendant moins d'une heure. 0,06% ont été interrogées pendant plus de 6 heures. En 2013, 1 mari de journaliste a été retenu pendant les 9 heures légales.(3)

Et demain ? Quelle catégorie de la population faudra t-il intimider ? Les opposants au gouvernement ? Les membres d'une religion minoritaire ? Les gens qui écrivent sur internet que nos gouvernements ne nous représentent plus ?

Voilà où nous en sommes. Et pendant ce temps, sur Twitter, royaume des indignés en pantoufles, on parle de Justin Bieber, on fait tourner des chaînes idiotes et on analyse jusqu'à plus soif les actes de Valls, Manuel, ci-devant policier en civil. 

Dormez braves gens. 

Quand vous vous réveillerez, il se peut que vous n'ayez même plus le droit d'écrire ou lire ce genre d'article.

***

(1) Au fait, pourquoi 9 heures ? Pourquoi pas 8 ou 10 ? Parce que c'est la durée maximale au delà de laquelle la personne doit être relâchée. "A person detained under this paragraph shall (unless detained under any other power) be released not later than the end of the period of nine hours beginning with the time when his examination begins."

(2) Le Government Communications Headquarters (GCHQ, littéralement « quartier-général des communications du gouvernement ») est le service de renseignements électronique du gouvernement britannique. Source : Wikipédia

(3) Si vous voulez d'autres chiffres, lisez donc cet article. Ça date un peu (2010), mais ça montre la disproportion entre les moyens déployés dans cette "guerre contre le terrorisme" et les autres dangers bien réels qui menacent les citoyens, et qui n'émeuvent pas plus que ça nos dirigeants.

Mon titre est bien entendu une référence à Art Spiegelman.

31 juillet 2013

Dans quel ordre lire Asimov ?

J'ai attaqué Asimov(1) il y a presque 3 ans en lisant Fondation. Plus tard, j'ai lu Fondation foudroyée et sa suite. Ces deux derniers mois, j'ai lu à peu près tous ses romans du "cycle des robots". J'ai découvert lors de ces lectures ce que Wikipédia confirme(2): sur le tard, Asimov a tenté d'unifier ces deux cycles (les robots et Fondation) en écrivant les romans intermédiaires expliquant le passage de l'un à l'autre, et pourquoi il n'y a pas de robots dans le cycle de Fondation.

Voici donc l'ordre dans lequel je pense qu'il faudrait lire les romans et nouvelles d'Asimov traitant des cycles des robots et de la Fondation(3), pour ceux qui auraient envie de lire dans l'ordre chronologique de la fiction. Je mets entre parenthèses la date de première publication, pour bien montrer à quel point cette construction est postérieure à la plupart des écrits d'Asimov.

Les robots :

- Nous les robots (recueil de nouvelles inclus dans "Le grand livre des robots, tome 1 : Prélude à Trantor" où sont compilées les 9 nouvelles évoquées ici et la plupart de ses histoires "robotiques" écrites entre les années 1940 et 1980)

Cycle Elijah Baley / Daneel Olivaw :

- Les cavernes d'acier (1956)
- Face aux feux du soleil (1970)
- Les robots de l'aube (première apparition du concept de psychohistoire, et nombreuses références aux nouvelles de "Nous les robots", considérées comme des "légendes terriennes") (1983)
- Les robots et l'Empire (1986)

L'humanité à la conquête de la galaxie :

- Les courants de l'espace (1967)
- Poussière d'étoiles (1973)
- Cailloux dans le ciel (1953)

De l'empire à la Fondation :

Regardez les dates d'écriture : la transition entre les deux cycles date bien de la fin de la vie d'Asimov.
- Prélude à Fondation (1989)
- L'aube de Fondation (1993)
Il ne me reste à lire que ces 2 romans à lire pour boucler !

Le cycle de Fondation :

- Fondation (1957)
- Fondation et Empire (1965)
- Seconde Fondation (1965)
- Fondation foudroyée (1983)
- Terre et fondation (1987)

***

(1) : Image par Rowena Morrill, via Wikimedia Commons
(2) : J'ai eu l'idée de cet article avant de constater que Wikipédia fournissait déjà cette liste... Mais la mienne est plus personnelle, c'est le fruit de mon expérience de lecteur. Wikipédia m'a servi à combler les vides avec les ouvrages non encore lus.
(3) : Mise à jour après une remarque pertinente : Asimov n'a pas écrit que ça...

02 juillet 2013

Sherlock Holmes, le docteur House et la mort

*** Attention spoiler ***



Je ne sais pas si j'ai déjà mentionné ici la thèse selon laquelle Grégory House(1) serait une sorte de réplique moderne de Sherlock Holmes. Elle se résume en trois mots : induction, musique, drogue. 

Je me faisais ce matin la réflexion que si ces similitudes s'étaient estompées au fil des saisons de la série, le dernier épisode pourrait d'une certaine façon renouer avec cette typologie. Dans Le dernier problème, Doyle fait mourir Holmes aux prises avec son pire ennemi, Moriarty, avant de le ressusciter sous la pression de ses fans, qui avaient monté une page facebook et moult pétitions en ligne pour obtenir son retour.

Dans le dernier épisode de House, nous assistons à la "mort" de House combattant son pire ennemi : lui-même ; puis à sa "résurrection" (qui m'a au passage beaucoup déçue, quel manque d'esprit de décision de la part des scénaristes). Avant de le voir disparaître pour une dernière aventure avec Wilson/Watson...


(1) Image par DaltonL227 - deviantArt

26 juin 2013

La lune, comme un point sur un i... loin des yeux du soleil

J'ai découvert un drôle de terme sur le web ces jours-ci : "supermoon". Ce n'est pas une secte coréenne au carré, ni une variante d'une figure chorégraphique popularisée par feu Michaël Jackson. Une recherche rapide m'apprend qu'il s'agit du moment où la pleine lune coïncide avec l'approche maximale du satellite de la Terre. Pour faire simple, c'est le moment où la Lune est la plus proche de la Terre. Un peu comme dans E.T.

En tapant le mot clé "supermoon" dans Twitter et Reddit, on trouve de bien belles images qu'on aimerait voir plus souvent. J'ai été contaminé par un esprit frappeur de Bouyghes télévision, pardon.

via bigpicture (Yannis Behrakis /Reuters)





Les photos sans indications d'auteur proviennent de Reddit 

Et quand à cette image, qui rencontre un succès fou sur Twitter, c'est une imposture : 
via Reddit 

Attention, je n'ai pas dit qu'il s'agissait d'un fake. Je dis juste que la personne qui a posté l'image sur reddit n'en est pas l'auteur. L'image originale est plus vieille d'un mois et est visible ici. L'auteur a en d'ailleurs fait d'autres du même type.

Merci à Alfred et Charles pour le titre, merci à Google qui m'a permis de découvrir ce poème de Victor, et cet autre de Charles, en prose.

31 mai 2013

Des listes et des chevaliers, chronique décousue du Sammy versatile

Depuis le 23 septembre 2009, j'ai fait pas mal de choses, merci bien. J'ai notamment lu un livre de Martin Winckler (La maladie de Sachs, et j'ai beaucoup aimé), ainsi que je m'étais promis de le faire. Ce qui tend à prouver que j'ai une certaine cohérence dans mes actes. C'est rassurant. Je suis cohérent, donc digne de confiance, donc potentiellement capable d'accéder à d'encore plus hautes irresponsabilités. Je dois donc être payé en conséquence.

J'attends.


...


Bon, tant pis.

Mais s'il y a une chose que je n'avais pas faite, c'est retourner sur son blog "Chevaliers des touches" dont je parlais ce fameux 23 septembre 2009. J'ai attendu le 23 octobre 2012. Je, en toute logique, ne devrais pas y retourner avant le 23 novembre 2015. Espérons qu'il existera encore.

Et si j'en parle aujourd'hui, c'est parce que j'avais écrit ce billet le 23 octobre, mais ne l'avais pas publié. Versatilité du Sammy. C'est d'ailleurs un de mes plus gros problèmes sur ce blog ; je commence des textes, ne les finis pas, les reprend bien longtemps après, oubliant au passage quelle était la chose hyper importante, l'idée super originale  que je voulais faire passer dans un texte qui serait -forcément- grand et magnifique.

Ce qui motivait l'écriture de ce billet, c'est cette jolie liste "memento pour les écrivants de fiction". Je résiste assez difficilement au désir de la recopier ici en entier.

J'aime bien les listes. Je fais des listes de livres à lire, de livres lus, de livres à emprunter un jour à la bibliothèque ; des listes de choses à faire dans la semaine, dans le mois, dans l'année. Je fais des listes de sites intéressants, sur lesquels je ne retournerai jamais. Je me relève la nuit pour faire des listes de travail en retard, ou que j'imagine comme tel. Je n'en suis pas encore à faire des listes de listes, mais ça ne saurait tarder.

Il n'est pas besoin de se prétendre "écrivant" (j'aime beaucoup ce mot) pour succomber au charme de la liste de Winckler, ni être sensible à ce qu'il écrit sur ce blog d'une manière générale. Cette liste, comme la plupart des autres textes du blog, parle de lecture, d'écriture, du fait qu'il n'y a pas de lectures à proscrire, ni d'écrits inutiles. Elle parle de la réalité et de la fiction, elle parle de rire et de plaisir. Elle est écrite par quelqu'un qui laisse parler son expérience, sans pour autant tomber dans l'écueil du didactisme pontifiant. Et elle a le bon goût de se terminer en conseillant de l'oublier, ce qui est somme toute assez facile à faire, puisque j'avais poussé l'application jusqu'à oublier d'en parler.

24 mai 2013

En lisant Asimov

Je viens de terminer Les robots d'Asimov, sorte d'introduction à ses autres livres sur les robots, que je vais maintenant m'empresser d'emprunter à la bibliothèque.

Ce qui m'a frappé et donné l'envie d'écrire ces quelques lignes se situe dans le dernier chapitre : l'humanité aurait besoin d'être guidée par quelque chose de plus grand qu'elle, qui la dépasse et qu'elle ne comprend pas ; un élément qui agit en secret pour le bien de celle-ci, et au besoin, contre sa volonté.  C'est le cas des "machines" à la fin de ce livre (de supers robots-calculateurs qui gèrent toute l'économie de la planète), mais on retrouve la même idée dans Fondation avec la psychohistoire (et encore une variation sur ce thème dans le deuxième cycle de Fondation).

J'aime beaucoup cette idée, même si d'aucuns trouveront que c'est une vision assez pessimiste d'une humanité incapable de se gérer elle-même sans risquer de se détruire.  Je pense qu'il faut plutôt en retenir le côté très optimiste d'Asimov par-rapport à la technologie : les robots, les ordinateurs, le "progrès" ne sont pas une source de danger dont il faudrait avoir peur, mais au contraire une chance à saisir. L'introduction, où il parle du "complexe de Frankenstein" est éclairante à ce sujet : Asimov veut dépasser cet axiome érigé en dogme depuis la bombe littéraire lancée par Mary Shelley, selon lequel la créature se retourne inévitablement contre son créateur - étant sous-entendu que le seul digne/capable/autorisé à créer la vie est Dieu…

Il n'y a pas de dieu chez Asimov. Il n'y a que la science, la logique, le raisonnement. Il n'y a pas d'extra-terrestres non plus. Nous sommes seuls dans la galaxie (dans l'univers c'est moins sûr, et c'est sur ce constat que se termine l'ultime tome de la saga Fondation, Terre et Fondation). De fait, Asimov peut être défini comme un écrivain rationaliste : formation scientifique, athée, humaniste.

L'écriture d'Asimov est légère, neutre. Pas d'emphase, pas de longues descriptions d'une cité futuriste ou d'une technologie pas encore inventée : c'est sous-entendu. Au début de Fondation, la description de Trantor, la planète-capitale de l'empire, entièrement urbanisée, est expédiée en quelque lignes, qui sont néanmoins suffisantes pour marquer l'imagination du lecteur.  Il va sans dire que les livres d'Asimov sont vites lus, d'autant plus que les enjeux de chaque intrigue sont suffisamment cruciaux pour tenir en haleine jusqu'à la fin.

Même si c'est une SF qui a un peu vieilli -aujourd'hui on ne parlerait plus de relais ou de d'enroulements pour décrire le mécanisme d'un robot- le principal reste : on lit jusqu'au bout pour suivre les 50 années de la vie de Susan Calvin qui ont menées à l'avènement des robots, ou pour savoir si le projet Seldon ira à son terme. Asimov est intemporel par les thèmes qu'il aborde, pas par le vocabulaire employé, qui reste finalement assez secondaire, bien qu'il ait créé des termes que nous utilisons couramment, comme le mot "robotique"...

A ma connaissance, Les robots offre la première occurrence des fameuses trois lois de la robotique dont il est l'inventeur (1) :
Première Loi : Un robot ne peut porter atteinte à un être humain ni, restant passif, laisser cet être humain exposé au danger.
Deuxième Loi : Un robot doit obéir aux ordres donnés par les êtres humains, sauf si de tels ordres sont en contradiction avec la Première Loi.
Troisième Loi : Un robot doit protéger son existence dans la mesure où cette protection n'est pas en contradiction avec la Première ou la Deuxième Loi.

De fait, tout le roman (9 nouvelles reliées entre elles par un fil conducteur : la vie de Susan Calvin, la première robotpsychologue) est l'étude des variations d'interprétations de ces lois au travers de dilemmes à la solution souvent surprenante. Apparaissent également les concepts d'attachement à un robot, l'opposition aux robots, le robot doté d'une conscience, l'androïde...


***

J'en profite pour épingler au passage le procédé bassement commercial de l'éditeur, consistant à réimprimer un livre en l'affublant du titre et de l'affiche du film qu'il a inspiré, alors même que le premier n'est pas le scénario du second.


La première couverture, qui parait aujourd'hui un peu vieillotte, avait au moins l'intérêt d’illustrer un passage du livre ; l'actuelle n'a aucun rapport avec l'histoire et met plus en avant Will Smith qu'Asimov...

 ***

(1) : Je ne sais pas vous, mais cette anaphore de "Un robot..." m'en évoque une autre tout aussi célèbre : "Moi président..." "Un anneau pour...". En feuilletant Les veufs noirs, j'ai d'ailleurs vu qu'il avait rendu hommage à Tolkien dans une de ses nouvelles.

17 mai 2013

Mass Effect : mes cosmodésiques mésaventures

Cet article est un rescapé, qui dans d'autres circonstances n'aurait jamais paru sur ce blog. J'avais ouvert en 2011 un micro-blog sur Posterous, destiné à recueillir les solutions à mes problèmes trouvées sur le web. Avec l'originalité qui me caractérise, je l'avais appelé Soluces du web. Mais les services gratuits sur internet souffrent souvent du même mal : ils disparaissent.

J'ai donc récupéré mes quelques articles, les ai stocké dans un coin, et me suis tâté un petit moment. Quand j'en ai eu assez (de me tâter), j'ai décidé d'en publier quelques-uns ici, en commençant par cette synthèse de mes problèmes rencontrés avec Mass Effect. D'abord parce que ce sont les plus "écrits", les autres n'étant que des notes du style "pour résoudre tel problème appliquez telle solution" ; ensuite parce je pense que ça pourra toujours servir à quelqu'un et générer du trafic sur ce blog, youpi.

***

Énervement galactique avec Mass Effect 3 


EA commence vraiment à m'énerver. Plusieurs mois après sa sortie, je viens de faire l'acquisition de Mass Effect 3. J'avais un peu trop vite oublié mes précédentes péripéties avec Mass Effect 2...

Installation


En-effet, après le lancement automatique du DVD (ça au moins ça marche), celui-ci me propose de mettre à jour Origin (le Steam-like d'EA) et après... impossible d'installer le jeu, le pop-up se ferme aussitôt après avoir cliqué sur le bouton "installer".


Après quelques recherches (ici et notamment), j'ai vite compris qu'il fallait ré-installer Origin avant toute chose ; la soi-disante mise à jour me l'avait plus ou moins effacé... Il faut ensuite relancer l'installation, le logiciel demandant alors le numéro de série et le répertoire d'installation. Pour anticiper les éventuelles mauvaises surprises que je suppute, j'ai créé mon propre répertoire en dehors de celui proposé par défaut.

Sauvegarde


Après cette installation à rebondissements, je peux enfin profiter de l'interminable (mais néanmoins excellente) séquence d'introduction de Mass Effect 3 - je dis interminable car ça a son importance pour la suite. Lorsque le jeu me laisse enfin la main, je me rends compte qu'il est impossible de sauvegarder... Pourquoi ne suis-je pas plus surpris que ça ? Bien entendu, je teste différentes méthodes trouvées sur le web, et me retape à chaque fois toute l'introduction, qui pour le coup me parait un peu longuette...


Le problème viendrait en fait de l'emplacement de \Mes documents, que j'ai, comme beaucoup de personnes, déplacés de C:\ vers une autre partition de mon disque dur. Eh ben les gens de Bioware, ils n'avaient pas prévu ce cas de figure, pourtant loin d'être exotique... Dans leurs esprits, le jeu crée son dossier "save" dans "Mes documents", qui doit se situer dans C:\users\[nom d'utilisateur]\Documents. Et si le chemin a été modifié, le jeu ne crée tout bonnement pas de sauvegarde !

Après une inutile désinstallation/réinstallation, j'ai trouvé la solution sur le forum anglais de Bioware : il ne sert à rien de bidouiller la cible du raccourci du jeu sur le bureau, ni de chambouler tous ses répertoires pour tenter de revenir à l'état d'origine (y'en a qu'on essayé, ils ont eu des prob... ça ne marche pas) ; il suffit juste de créer un nouveau profil, avec les droits d'administrateur, et de lancer le jeu depuis ce profil. Les dossiers seront créés avec les chemins par défaut. C'est un peu idiot, mais simple et rapide à mettre en œuvre, et surtout, ça marche !

J'aurais dû me douter que ce ne serait pas simple... 

Car j'avais déjà connu quelques soucis avec les épisodes précédents : difficulté pour importer un personnage -en ce qui concerne l'épisode 3, j'ai carrément renoncé- et impossibilité de charger une partie.

Comment importer son personnage de Mass Effect dans Mass Effect 2 ?


Toutes les explications sont largement disponibles par ailleurs, il y a juste un petit hic sur le détail de la procédure : il faut choisir le dossier des sauvegardes de Mass Effect dans l'outil de configuration du jeu avant de lancer le jeu et sélectionner le dossier "Save" de ME1. Information en provenance de Wiwiland 




Impossible de charger une partie dans Mass Effect 2


Il peut arriver (et à lire les forums consacrés à Mass Effect, le cas semble même assez répandu, a priori surtout sous Windows 7) de ne pas pouvoir charger une partie dans Mass Effect 2 : on peut sauvegarder, mais on reprend toujours à la sauvegarde la plus récente, impossible de charger un élément antérieur, l'écran de chargement est vide :

Que faire dans cette situation ? Après avoir étudié diverses solutions, voici celle qui a fonctionné pour moi :

- Aller dans le dossier "Bioware/Mass Effect 2/Save",
- Créer un dossier "Prénom de votre Perso"_31_"date de création" de votre perso,
Exemple : "John_31_180210"
- Mettre ses sauvegardes dans ce dossier, ce qui donne quelque chose ressemblant à ceci :
Bioware/Mass Effect 2/Save/John_31_180210/Save0004.pcsav

Et le tour est joué ! Solution trouvée sur le forum Bioware ; merci à Neophil69

13 mai 2013

I don't like spam !

Revers en caca de la médaille au chocolat : ma minute de gloire sebsauvagienne s'est soldée par une inondation de spam de commentaires. 

C'est pourquoi j'ai décidé d'activer le test de reconnaissance de mots, plus communément appelé captcha. Je n'ai jamais apprécié ce genre de d'obligation chez les autres, trouvant que ça casse un peu l'élan du joyeux commentateur, déjà obligé de renseigner un mail, un identifiant, parfois de mettre un titre... Mais j'ai fini par m'y résoudre devant la logorrhée dont je vous laisse un aperçu ci-dessous : 


Le titre de ce message est bien évidement un clin d’œil au célèbre sketch des Monty Python, qui peuvent se targuer d'avoir inventé la notion ainsi que le terme servant à la désigner : SPAM !

I DON'T LIKE SPAM !!!

18 avril 2013

Testé pour vous : l'effet Sebsauvage

J'en avais entendu parler, mais je ne savais pas que ça m'arriverait un jour. Non, je ne parle pas d'une maladie honteuse ou d'un accident tragique, je parle de l'effet Sebsauvage

La prophétie des anciens disait vrai, petit scarabée : quand l’œil de Sebsauvage se pose sur toi, tu le vois immédiatement dans tes misérables statistiques.

Ça me redonne presque envie de prendre le temps d'écrire plus régulièrement sur ce blog, tiens ! 


S'il en est encore qui ne connaissent pas Sebsauvage, c'est ici que ça se passe.




Desproges : 25 ans...

25 ans déjà...



Pas le temps de raconter les balivernes d'usage. D'autres le feront mieux que moi. Mes chers lecteurs (oui, les deux du fond, là) tireront profit de la lecture de cet édifiant article, qui constitue également un test d'entrée au fan club de Desproges. Tout le monde ne sera pas admis. Les recalés, déçus, grognons, grincheux et nostalgiques en mal de funèbre pourront toujours se plaindre ici


01 avril 2013

François de La Rochefoucauld

Lu il y a quelques temps sur le tableau blanc dans le bureau du chef : 

Qui vit sans folie n'est pas si sage qu'il croit.

A appliquer !

14 mars 2013

Nous sommes tous des esclaves connectés


Sacré coup de massue à l'instant : Google va arrêter son service de flux, Reader. Après un bref moment de panique, j'ai vite été rassuré en constatant que Feedly, service qui s'appuie sur Reader en proposant une interface personnalisable et un aspect plus "magazine" va perdurer. Cela fait belle lurette que je me sers quasiment exclusivement de Feedly. Ouf. I will survive.

Au-delà de ça, cette décision montre à quel point nous sommes dépendants du bon vouloir d'une entreprise. Et si demain, Google décidait de fermer son service d'agenda ? Ou Gmail ? Ou Blogger, qui permet à ce blog d'exister ? Nous n'aurions rien à dire, nous ne serions évidemment pas consultés, nous devrions juste tenter de trouver une solution plus ou moins satisfaisante.

Alors oui, il n'y a pas vraiment de raisons de paniquer, personne n'est mort(1), un nouveau service va émerger d'ici quelques mois et Feedly prend son indépendance. Mais le problème principal demeure : nous sommes -pour la plupart d'entre nous- dépendants de tous ces services plus ou moins utiles, plus ou moins gratuits, plus ou moins indispensables(2), mais qui rythment notre quotidien sur le web depuis quelques années.

D'aucuns diront, parmi les geeks tendance hardcore, "t'as qu'à installer ton propre serveur, et ceci, et cela...", semblant ignorer que ce n'est pas nécessairement à la portée de tout le monde, tant en investissement financier que temporel... Nous sommes condamnés à la servitude électronique(3).

Petite mise à jour pour le fun :


***

(1) Encore que... je me marre tout seul en imaginant des otakus venir s'immoler devant le siège de Google en signe de protestation ! :-D
(2) Le jour ou Facebook disparaîtra, ce sera carrément du suicide collectif !  
(3) Ce à quoi mon chef bien aimé répondrait, et il n'a pas tout à fait tort, que le papier et le crayon restent indétrônables !

11 février 2013

Fénéontises - Pastiches de Félix Fénéon

J'ai lu il y a peu sur Article 11 cet article consacré à Félix Fénéon, le roi de la "nouvelle en 3 lignes" ironique, subtile et immorale. Ils publient un petit florilège de l'artiste :

Calen, détenu à la prison de Thouars, que venait de manquer la sentinelle, s’est tué en tombant sur des rochers. Il s’évadait.
suivi du leur :
Gardé à vue, le jeune homme demande à libérer sa vessie. Perdu de vue, il réussit à libérer sa personne.

Vous me voyez venir, je me suis essayé à l'exercice.

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A la question "Les Mariton ?", il répond non et fait obstruction.


A Marseille, de modernes indiens attaquent le TGV. Vite retrouvés, ils font de pâles visages en GAV.

En Angleterre, les lasagnes hippophagiques font un effet boeuf.

Trop fatigué pour assumer sa charge, le pape renonce. A partir du 1er mars, il ne sera plus qu'un pape ôté.

Sa voiture devient folle, le conducteur perd les pédales. [clic]


22 janvier 2013

Et la lecture dans tout ça ?

Il parait que les liseuses, ces machins électroniques pour lire des livres, c'est fini. Ou presque.
A peine éclos, le marché des liseuses s’effondre. 
[...]
Le marché des liseuses a été une météorite, explique Jordan Selburn d’iSuppli à la Technology Review. «Les gens veulent faire d’autres choses sur leurs appareils que seulement lire des livres». La polyvalence des tablettes l’a emporté. 
via La feuille

Elles sont en passe d'être supplantées par les tablettes, qui permettent de lire et de faire autre chose.
En fait, les lecteurs n’ont pas enterré leur tablette: ce sont les constructeurs qui s’en sont chargé, en proposant des liseuses de plus en plus difficiles à distinguer des tablettes. Et forcément, quand on imite, on finit par devoir se comparer. Et à ce jeu-là, la victoire est sans appel: les tablettes, plus proches des usages généralistes que les utilisateurs souhaitent faire de leur matériel, gagnent à tous les coups. Au grand dam de ceux qui souhaitaient JUSTE lire… 
via Book to the future

Les ayatollahs de l'un ou de l'autre support y vont déjà de leurs commentaires enflammés -et je ne suis pas loin de penser qu'effectivement, une liseuse fait moins mal aux yeux. Mais ils se trompent de colère. Le problème n'est pas que la tablette soit plus populaire que la liseuse, le problème est la réalité des pratiques de lecture -ou de non-lecture- que cet état de fait dévoile : comme déjà avancé ici-même il y a quelques mois, si le support n'a pas tellement d'importance, il ne faut pas négliger le potentiel de distraction (au sens de déconcentration, et de tentation) offert par la liseuse tablette. Le fait que ce support tende à dominer est inquiétant de ce point de vue. Cela pourrait signifier que c'est le support où la lecture est la moins attentive, la plus sujette à distraction, la plus concurrencée par Youtube et le nyan cat qui est en train de gagner la partie. 

Pas parce que c'est le meilleur support. Mais parce que la façon de lire de nos contemporains est en train de changer. La lecture suivie disparaît au profit de la lecture morcelée et du divertissement électronique. Inquiétant.

***

Mise à jour à 13h : correction d'un lapsus

18 janvier 2013

Tristesse pour tous

Comme disait l'Autre (avec une majuscule parce que c'est quand même un grand auteur), ce que l'on conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément. Cependant, c'est plus facile pour certains. Ainsi Guy Birenbaum, qui résume dans un texte court, sincère, écrit avec des mots simples, tout ce que je ressens depuis plusieurs semaines sans parvenir -sans vraiment chercher à la faire aussi- à le formuler. C'est tellement bien que je lui ai pris son titre.

Il dit son indignation, ou plutôt sa tristesse, devant l'injustice et l'égoïsme des opposants au "mariage pour tous", 
Le 24 juin 1984, entre 500 000 et 1,5 millions de personnes avaient défilé dans les rues de Paris pour protester contre la loi Savary. [...] Ils luttaient, pour être clair, contre un projet qui visait à leur enlever quelque chose. Les opposants au "mariage pour tous" ne sont pas du tout dans la même situation. Il ne s'agit pas de leur ôter un droit ou quoi que ce soit. Les gens qui manifestaient hier ne veulent donc pas que d'autres citoyens Français aient les mêmes droits qu'eux ? 
devant l'homophobie banalisée depuis quelques mois, 
Une parole invraisemblable et homophobe s'est libérée dans nos rues, sur les réseaux sociaux. Ces derniers jours sur Twitter, j'ai lu des choses absolument incroyables. 
son incompréhension à voir des gens respectables -car oui, on peut être contre cette loi et être respectable- se commettre avec les pires fachos et intégristes,
En revanche, ce que je ne vois pas, c'est comment des gens honnêtes, qui méritent de la sympathie, et du respect, acceptent rationnellement de manifester contre la même loi que ces fascistes, racistes et homophobes (appeler un chat, un chat)?! Comment peuvent-ils partager ne serait-ce qu'un centimètre de trottoir, qu'un millième de bannière, qu'une pauvre rime de slogan avec ces attardés?
et son interrogation devant le choix des portes-paroles -ou les portes-parole autoproclamés- de ce mouvement, de ceux qui prophétisent l'accouplement avec des animaux à ceux qui comparent Hollande à Hitler (mais franchement, WTF ?).


Et puis vous irez faire un tour (gardez un sac en papier à portée de main) et . Ce deuxième lien est admirable. Ce qui revient le plus souvent c'est "je ne suis pas homophobe, mais on ne va pas changer la loi pour des anormaux". Prenez une petite balle en mousse, ça déstresse. 

La fin du monde n'a pas eu lieu. 
C'est presque dommage.

15 janvier 2013

Rendez-nous la fin du monde !

Vous êtes toujours là ? Vous avez survécu à la fin du monde ? J'ai été très déçu. Tout ça pour ça ? Ce bunker construit pour rien -une pelouse foutue- ces stocks de nourriture déshydratée, ces manuels pour échapper aux zombies, ces stages de survie... pour rien ? Alors non seulement c'est la crise mais en plus on foire la fin du monde ? Décidément tout va mal.

Mais rassurez-vous, d'après des sources bien informées, les réjouissances sont justes remises à plus tard. La prochaine fin du monde est officiellement prévue pour 2036. Sans doute un 21 décembre. Ça laisse le temps de tourner quelques films catastrophe, trouver des hurluberlus pour le JT et agrandir les bunkers. 

Vous ne me croyez pas ? Lisez donc :

"La probabilité qu’Apophis entre en collision avec la Terre en 2036 est d’une sur 250 000, selon les nouveaux calculs de Steve Chesley et Paul Chodas, du Jet Propulsion Laboratory de la NASA, à Pasadena (Californie), basés sur de nouvelles techniques et données. Une précédente estimation évoquait une chance sur 45 000."
Source


"Pour ce qui est du loto, c'est très simple : 49 boules présentes, 6 seront tirées au hasard, ce qui fait au début pour chaque boule une chance sur 49 de sortir, ensuite 1 chance sur 48 (puisqu'il ne reste plus que 48 boules), puis une chance sur 47, etc... jusqu'à la sixième. Au total, la probabilité de gagner au loto est de 1/(49/1 x 48/2 x 47/3 x 46/4 x 45/5 x 44/6) = 13.983.816 donc 1 chance sur 13.983.816 soit approximativement 1 chance sur 14 millions."

Moralité : nous avons collectivement plus de chances de nous faire percuter par un astéroïde en 2036 que de gagner au loto dans toute notre vie, même en jouant pendant 80 ans...

Je vous laisse méditer.